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L’Ijtihâd et la Fatwa[1] 

 Question : Pratiquer l’Ijtihâd dans les lois islamiques est-il ouvert à n’importe qui, ou bien y a-t-il des conditions à remplir pour être Mujtahid[2] ? Est-il permis à n’importe qui de décréter des avis juridiques (fatwas) en se basant sur sa raison sans connaître la preuve évidente ? Quel est le degré d’authenticité du hadith disant : « Le plus audacieux parmi vous concernant le décret d’avis juridiques est le plus téméraire face au châtiment de l’Enfer » et quelle est sa signification ?

 Réponse : L’Ijtihâd concernant les lois religieuses existera toujours pour celui qui en est capable, c’est-à-dire celui qui est parfaitement au courant de tout ce dont il a besoin dans ce domaine, comme les versets coraniques et les hadiths prophétiques, qui est capable de les comprendre et de les utiliser comme preuve à bon escient, qui est au courant du degré d’authenticité des hadiths qu’il utilise comme argument et des sujets à propos desquels il y a consensus (des savants), afin qu’il ne contredise pas le consensus lorsqu’il émettra son décret. Il faut aussi qu’il soit suffisamment savant dans la langue arabe afin de pouvoir comprendre les textes, les utiliser comme arguments et en extraire des règles. Il ne convient à personne de parler de la religion en se basant sur sa raison seulement, ou de décréter des avis religieux sans science aucune. Il doit plutôt se guider à l’aide de la preuve religieuse [des textes révélés] (Ad-Dalîl ush-Shar’î), puis des avis des savants, de leur compréhension des preuves et de leur méthode d’argumentation et de déduction. Ensuite, il pourra parler ou décréter un avis selon sa conviction.

Quant au hadith : « Le plus audacieux parmi vous concernant le décret d’avis juridiques est le plus téméraire face au châtiment de l’Enfer »[3], il a été rapporté par ‘Abdullah ibn ‘Abdirrahmâne Ad-Dârimî dans ses Sunan, d’après  ‘Abdullah ibn Ja’far Al-Misrî avec une chaîne de rapporteurs dont il manque le Compagnon (Mursal).

Qu’Allah bénisse et salue notre Prophète Muhammad et sa famille.[4]

 La Fatwa sans science 

 Question : Que penser de certaines enseignantes qui émettent parfois des avis juridiques devant leurs élèves sans avoir de science à ce sujet ?

 Réponse : Nous adressons la réponse aux filles qui posent la question à leurs enseignantes, ainsi qu’aux enseignantes qui répondent. En ce qui concerne les filles, il ne leur est pas permis d’adresser leurs questions aux hommes ou aux femmes, sauf si elles pensent que ceux-ci sont capables d’émettre des avis juridiques, c’est-à-dire qu’il faut qu’ils soient reconnus comme ayant de la science, car c’est la religion qui est concernée, et il faut donc prendre des précautions à ce sujet. Ainsi, lorsqu’un homme veut voyager vers un pays quelconque, il ne se renseignera pas auprès de n’importe qui, mais recherchera plutôt le guide qui connaît les routes. Il en est de même pour ce qui est de la route menant vers Allah qui est sa religion, on ne doit se référer qu’à ceux dont on sait – ou dont on est quasi-certains – qu’ils sont capables de donner des avis juridiques.

En ce qui concerne les enseignantes à qui ces questions sont posées, il ne leur est pas permis d’émettre des avis sans science, en raison de la parole d’Allah – Exalté soit-Il : « Dis : ‘Mon Seigneur n’a interdit que les turpitudes (les grands péchés), tant apparentes que secrètes, de même que le péché, l'agression sans droit et d’associer à Allah ce dont Il n’a fait descendre aucune preuve, et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas’. »[5] Allah a rapproché le fait de parler à Son sujet sans science avec le polythéisme (Shirk). Et Allah – Exalté soit-il – a dit : « Qui est donc plus injuste que celui qui invente un mensonge contre Allah pour égarer les gens sans se baser sur aucun savoir ? Allah ne guide pas les gens injustes. »[6] On rapporte authentiquement du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qu’il a dit : « Quiconque ment volontairement à mon sujet, qu’il prépare sa place en Enfer. »[7] Il est donc du devoir de la personne à qui la question est posée de ne pas se prononcer, sauf si elle a quelque science à ce sujet, en faisant elle-même des recherches et en scrutant les preuves, si elle en est capable, ou en consultant un savant en qui elle a confiance… car ce domaine touche la religion, et celui qui émet des avis juridiques informe sur la religion d’Allah, Son décret et Sa loi. Il est donc nécessaire de prendre de très grandes précautions à ce sujet.[8]


[1] Fatwa : éclaircissement, explication du point de vue de la religion sur une question donnée ; donner un avis juridique.

[2] Mujtahid : personne qui maîtrise les textes révélés, et est capable d’en déduire les règles et les lois, et de donner des réponses à des questions qu’on lui pose, dans tous les domaines de la religion, ou un domaine en particulier. Ijtihâd : effort que fournit le Mujtahid dans sa recherche de la vérité.

[3] Rapporté par Ad-Dârimî dans l’introduction de ses Sunan, n°157 ; Faible, selon ce qu’a rapporté le cheikh.

[4] Cheikh Ibn Bâz, Fatâwâ Hay’ati Kibâr-il-‘Ulamâ.

[5] Al-A’râf, v. 33.

[6] Al-An’âm, v. 144.

[7] Rapporté par Al-Bukhârî Chapitre El-‘Ilm n°110 et Muslim en introduction n°3 d’après Abû Hurayra. Ce hadith a d’ailleurs été rapporté d’après plusieurs autres Compagnons.

[8] Cheikh Ibn ‘Uthaymîn, Dalîl ut-Tâlibat ul-Mu’mina.